EUGÉNIE TOUZÉ
Une lente succession de tableaux vivants dans les environs d’une commune, en plein cœur des élevages, et à proximité de la forêt. Les animaux domestiques, ceux des fermes alentours et les animaux sauvages, se succèdent par touches lointaines, au rythme du temps qui évolue. Les limites territoriales sont poreuses entre ces deux mondes qui ne font en réalité qu’un seul.
Presque un documentaire animalier, où la seule parole est celle du paysage et de ceux qui le font, dans leur invisible visibilité.
A slow succession of living landscapes on the outskirts of a village, right in the heart of livestock farming and close to the forest. Domestic animals, those from the surrounding farms and wild animals, follow one another in distant waves, to the rhythm of changing time. Territorial boundaries are porous between these two worlds, which are in reality one and the same.
It's almost like a wildlife documentary, where the only voice is that of the landscape and those who make it, in their invisible visibility.
Des bêtes effleurées
2023
vidéo HD
stéréo
38' mn
nb* Cette vidéo a été réalisée dans le cadre d’une résidence au Domaine de Toury auprès de l’association Fertile, dans un ancien corps de ferme en Bourgogne-Franche-Comté.

Un chenil au milieu de la forêt. Des chiens s'y déplacent presque toujours simultanément, voire de manière symétrique. Leur attention à l'égard de l’espace active la nôtre, jusqu’à douter de qui regarde qui.
Sans que ce soit évident, le son est toujours renouvelé à mesure que la vidéo se répète et donne un sentiment d'impénétrabilité.
A kennel in the middle of the forest. Dogs move simultaneously and symmetrically. Their attention to the space around them activates our concentration, to the point of doubting who is watching whom. The sound is always renewed as the video repeats and gives a feeling of impernetrability.
Le chenil
2019
vidéo HD
stéréo
boucle plan-séquence fixe - 5'30 mn
boucle sonore - 31' mn

vue de l'exposition UNE TEMPÊTE DANS UN VERRE D'EAU (2021), Beaux-Arts de Paris, photographie © Esteban Neveu Ponce
de gauche à droite Intempérie (2020) ; Le chenil (2019) ; Bercé par un bateau (2020)

Le lilas blanc et les feuillages verts sont remués par la pluie diluvienne et le vent qui souffle. L'intempérie est un dérèglement des conditions atmosphériques et la rupture d'un équilibre.
Ce plan agit comme un rideau. Dans l'attente qu'un événement révèle la scène à observer. Proche de l'instant fécond. Le temps périt.
The white lilac and green foliage are stirred by the torrential rain and the blowing wind. The weather is a disturbance of the atmospheric conditions and the rupture of a balance.
This shot acts as a curtain. Waiting for an event to reveal the scene to be observed. Close to the fertile moment. The time perishes.
Intempérie
2020
vidéo HD
stéréo
plan-séquence fixe
5' mn

Au soleil couchant, un rayon du soleil se confond avec un prisme qu’il provoque dans la caméra. Il recrée un micro soleil artificiel autour duquel des insectes pullulent.
La caméra enregistre son déplacement.
A ray of sunlight merges with a prism that it causes in the camera. It recreates a small artificial sun around which insects swarm.
The camera records its movement.
Aux bruits des rayons dans les iris
2021
vidéo HD
plan-séquence fixe
20' mn

vue de l'exposition Une tempête dans un verre d'eau (2021), Beaux-Arts de Paris, photographie © Esteban Neveu Ponce
de gauche à droite Aux bruits des rayons dans les iris (2021) ; Sans titre (photographie de Jean Touzé) (2021) ; Intempérie (2020)

_eugenie.jpg)
Sans titre (à partir d'une photographie originale de Jean Touzé (1906-1982)
2021
scan de la photographie originale, retouches des zones de lumière
projection sur taule
d’acier pliée
21 x 16 cm

Dans une zone portuaire un bateau tangue dans la nuit. Presque un chant entre les bourrasques de vent et le bateau qui ne cesse de se balancer.
In a harbor area, a boat is rocking in the night. Almost a song between the gusts of wind and the boat that keeps rocking.
Bercé par un bateau
2020
vidéo HD
stéréo
plan-séquence fixe
4' mn

projection sur feuilles
1 x 1,80 m

En Islande, le parcours d'un chasse-neige en action au rythme de ses apparitions et disparitions sous la tempête de neige.
In Iceland, the trajectory of a snowplow in action to the rhythm of its appearances and disappearances under the snow storm.
Chasse-neige
2020
vidéo HD
stéréo
plan-séquence
6' mn


La nuit couvre
2020
photographie
tirage jet d'encre sur Bright White Hahnemühle
310 gr
87 x 130 cm

vue de l'exposition deux îles (2021), Galerie Sono, Paris

Bergers des Carpates
2019
photographie
tirage argentique couleur sur papier RC satiné
20 x 13,5 cm
Cadre en bois de hêtre peint, passe-partout noir
32 x 42 cm

vue de l'exposition contre un battement de cils (2023), Fonds de dotation Weiss, Paris, photographie © Romain Darnaud
de gauche à droite Collection d’images personnelles, photographies anonymes ; Au-delà des forêts (2019) ; Bergers des Carpates (2019) ; Collection d’images personnelles, photographie anonyme
Le logiciel de montage vidéo effectue un zoom très progressif dans la photographie et quasi imperceptible à l’œil nu. À mesure que l’on s’enfonce, la nuit tombe. Et tandis que l’on plonge dans l’image et dans la nuit, un chant animal et forestier monte doucement. Un couple de chouettes hulottes, l’orage et le coucou renforcent le caractère hypnotique. À la lisière du réel et de la fantasmagorie, les sons nous berçent et nous font signe.
La vidéo redonne du temps à l’instant furtif. Ce qui échappe à l’appareil au moment de la prise de vue est suspendu.
Comme on traverserait un paysage quand le jour décline, ici on traverse la photographie.
The video editing software zooms in very gradually, almost imperceptible to the naked eye. As we move deeper into the image, night falls. And as we move deeper into the image and into the night, a forest animal song rises softly. A pair of tawny owls, a thunderstorm and a cuckoo add to the hypnotic quality. On the edge of reality and phantasmagoria, the sounds lull us to sleep and beckon us on.
Video gives time back to the furtive moment. What escapes the camera at the moment of shooting is suspended.
Just as we would cross a landscape as the day fades, here we cross photography.
La traversée des bergers
2023
vidéo HD
stéréo
55' mn


vue de l'exposition contre un battement de cils (2023), Fonds de dotation Weiss, Paris
de gauche à droite La traversée des bergers (2023) ; Camouflage I / II (2022)
Deux vidéos jumelles dont le plan semble immobile. Elles traduisent le mouvement fragile des animaux sauvages qui se glissent et se fondent entre les troncs. Ils sont camouflés.
Two twin videos in a seemingly motionless shot. They convey the fragile movement of wild animals as they slip and melt between the trunks. They are camouflaged.
Camouflage I / II
2022
vidéos HD
boucles - diptyque
I. 35 sec
II. 1' mn

vue de l'exposition contre un battement de cils (2023), Fonds de dotation Weiss, Paris

Au-delà des forêts
2019
photographie
tirage argentique couleur sur papier RC satiné
20 x 13,5 cm
Cadre en bois de hêtre peint, passe-partout noir
32 x 42 cm
La photographie d’une montagne en-forestée apparaît progressivement. Elle se révèle doucement. Et tandis qu’on prend le temps de discerner le paysage s’installer, les arbres se dresser, on peut soudain y distinguer des tâches nébuleuses en mouvement. Dans le temps de la vidéo, on finit par observer en surimpression, des moutons en déplacement dans la photographie. En transhumance. Le paysage recouvert de moutons re-disparaît, comme une respiration en plein sommeil. Il ne reste plus que les moutons dans le noir.
A photograph of a forested mountain gradually emerges. It slowly reveals itself. And as we take our time to discern the landscape settling, the trees rising, we can suddenly make out nebulous spots in motion. In the course of the video, we end up observing, superimposed in the photograph, sheep on the move. In transhumance. The sheep-covered landscape disappears again, like a sleeping breath. All that remains are the sheep in the dark.
Au-delà des forêts,
des moutons de sommeil
2023
vidéo HD
8' mn

vue de l'exposition contre un battement de cils (2023), Fonds de dotation Weiss, Paris, photographie © Romain Darnaud
Il fait nuit sombre au cœur de la forêt. La sensibilité de la caméra est élevée à son maximum pour enregistrer ce que nous ne pouvons percevoir à l’œil nu. Il en résulte une image crépitante, bruyante de tâches colorées, au sein de laquelle on croit soudain apercevoir, des silhouettes blanches. Le son des grillons grésille et la chouette pousse son cri. Quelques apparitions sonores aussi énigmatiques.
Dans la progression du plan-séquence, la visibilité s’amenuise. Il fait de plus en plus sombre.
It is dark in the heart of the forest. The sensitivity of the camera is raised to its maximum to record what we cannot perceive. The result is a crackling image, full of colored flecks, in which we suddenly think we see white silhouettes. The sound of the crickets sizzles and the owl cries. A few sound apparitions are also enigmatic.
In the progression of the sequence, visibility
diminishes. It gets darker and darker.
J'ai cru voir
2021
vidéo HD - stéréo
plan-séquence fixe
7' mn

vue de l'exposition L'Appel (2022), Palais des Beaux-Arts de Paris
de gauche à droite J'ai cru voir (2021) ; Chemin dans la forêt [Fontainebleau] (avant 1872) par Henri Langerock (Gand 1830 - Paris 1915), tirage photographique positif monochrome sur pa- pier albuminé, 38,2 x 27,1 cm [42 x 31,5 cm], Collection des Beaux-Arts de Paris, Ph 9076
Il fait nuit bleue dans le pré. Des cris de chouettes avant le jour, puis le silence. À l’aube, d’autres oiseaux chantent tandis que le jour se lève. Ils se manifestent et marquent leur territoire.
Dans un même temps, la transition de la nuit au jour. Les bruits d’oiseaux font événement à l’intérieur du plan presque inanimé. Ils sont marqueurs des changements temporels.
It is blue night in the meadow. Owl's calls before the day, then the silence. At dawn, other birds sing as the day rises. They make their presence known and mark their territory.
At the same time, the transition from night to day. The sounds of birds are an event within the almost inanimate plane. They are markers of temporal change.
Petites heures
2022
vidéo HD - stéréo
plan-séquence fixe
9' mn


vue de l'exposition SYMBIOSIUM Cosmogonies (2023), Fondation Fiminco,
Au Château de Dracula
2019
photographie, scan film 135
dimensions et supports variables

Le fragment d'un corps couché dans l'herbe. Nous doutons entre le prélassement ou le drame, face à l'impression d'immobilité du plan comme du sujet.
The fragment of a body lying in the grass. We doubt between the basking or the drama, facing the impression of immobility of the plan as of the subject.
La main couchée
2021
vidéo HD
boucle
4' mn

vue de l'exposition UNE TEMPÊTE DANS UN VERRE D'EAU (2021), Beaux-Arts de Paris, photographie © Esteban Neveu Ponce
de gauche à droite Bercé par un bateau (2020) ; La main couchée (2021) ; Aux bruits des rayons dans les iris (2021)

Le cimetière
2019
photographie, scan film 135
dimensions et supports variables
La table d’une fête est plongée dans la nuit. Les bouteilles, verres et bougies scintillent immobiles, accompagnées par des voix qui chantent ou qui rient.
The table of a party is immersed in the night. Bottles, glasses and candles flicker motionless, accompanied by voices singing or laughing.
Fête chuchotée
2017
vidéo HD
stéréo
plan-séquence fixe
3' mn

Les baigneurs
2019
photographie projetée
6 x 6 cm environ

vue de l'exposition ici maintenant (2019), atelier Tosani, Beaux-Arts de Paris
au centre Les baigneurs (2019)
Un homme vêtu de rouge débute une marche depuis le bord de la caméra. Il progresse seul droit vers l’horizon, dans la plaine qui s'assombrit à mesure que la nuit tombe.
La difficulté à l'observer s'intensifie.
A man dressed in red starts walking from the edge of the camera. He walks alone towards the horizon, in the plain that becomes darker as the night falls.
The difficulty to observe him increases.
Au cœur de la plaine
2019
vidéo HD
stéréo
plan-séquence fixe
5' mn


vue de l'exposition Terra Mater (2022), Sid Lee, Paris, photographie © Nicolas Fellingham Geyer
de gauche à droite J'ai cru voir (2021) ; Bercé par un bateau (2020) ; Au cœur de la plaine (2019)